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11 Septembre – COLLISION

 

 

Le temps que je parvienne à la voiture, j’étais trempé jusqu’aux os. La tempête avait menacé toute la semaine. Le peu de radios que j’ai captées – La Poubelle n’en recevait que trois – émettaient un bulletin d’alerte météo. Les nuages étaient d’un noir d’encre, un avertissement à ne pas prendre à la légère, en pleine saison des ouragans. Je m’en moquais, cependant. Il fallait que je m’aère la tête et que je tâche de comprendre ce qui se passait, même si je n’avais pas la moindre idée de l’endroit où j’allais.

Rien que pour quitter le parking, j’ai été contraint d’allumer les phares. Je n’y voyais pas à plus d’un mètre. Pas une journée pour conduire. Les éclairs zébraient le ciel sombre. Je les ai comptés, comme Amma m’avait appris, des années auparavant – un, deux, trois. Le tonnerre a grondé, un signe que l’orage était proche – trois kilomètres d’après les calculs d’Amma.

Je me suis arrêté au feu devant le lycée, un des trois seuls de la ville. Je ne savais pas quoi faire. La pluie tambourinait sur La Poubelle, la radio ne crachotait que des grésillements. Soudain, j’ai perçu quelque chose. Tournant le volume à fond, la musique a retenti dans les haut-parleurs crapoteux.

Seize Lunes.

Le titre qui avait disparu de mon iPod. Cette mélodie que personne d’autre que moi ne semblait entendre. L’air qu’avait joué Lena Duchannes à l’alto. La chanson qui me rendait fou.

Le feu est passé au vert, et La Poubelle a bondi en avant. J’avançais à l’aveuglette – et ce, dans tous les sens du terme. Nouveaux éclairs. Un, deux. Ça se rapprochait. Les essuie-glaces ne m’étaient d’aucune utilité. Éclair. Un. Le tonnerre a roulé sur le toit de la voiture, la pluie s’est mise à l’horizontale, et le pare-brise a tremblé comme s’il s’apprêtait à céder à tout instant. Ce qui, vu l’état de la caisse, n’était pas improbable.

Je ne chassais pas la tempête. C’était elle qui me chassait, et elle m’avait trouvé. J’avais de plus en plus de mal à maintenir les roues sur la chaussée humide, et La Poubelle a dérapé, zigzaguant follement sur les deux voies de la Nationale 9. La visibilité était nulle. J’ai enfoncé la pédale de frein, la voiture a effectué plusieurs tête-à-queue dans l’obscurité. Pendant une toute petite seconde, les phares ont clignoté, et des yeux verts énormes m’ont toisé, au beau milieu de la route. D’abord, j’ai cru à un cerf. Je me trompais.

Il y avait quelqu’un dehors !

Je me suis accroché de toutes mes forces au volant. Mon corps a été projeté contre la portière.

Une main tendue. J’ai fermé les yeux, anticipant le choc.

Rien.

La Poubelle s’est arrêtée dans un soubresaut, à moins d’un mètre de la silhouette. Les phares formaient un cercle de lumière pâle dans l’averse et se reflétaient sur une de ces capes de pluie bon marché qu’on trouve à trois dollars dans les drugstores. Une fille. Lentement, elle a retiré le capuchon, exposant ses traits aux gouttes. Prunelles vertes, cheveux noirs.

Lena Duchannes.

J’avais le souffle coupé. Je savais que ses yeux étaient verts, je les avais vus auparavant. Ce soir pourtant, ils paraissaient différents, différents de tous les yeux que j’avais jamais croisés. Immenses et d’un vert artificiel, d’un vert électrique, comme celui des éclairs qui déchiraient le ciel. Debout sous la pluie, elle était presque inhumaine.

Je suis descendu de La Poubelle sans couper le contact, laissant la portière ouverte. Ni elle ni moi n’avons prononcé un mot, plantés au milieu de la nationale, sous un déluge comme on n’en connaissait que lors d’un ouragan ou d’une tempête de force 12. Le sang courait dans mes veines, mes muscles étaient rigides, comme si j’anticipais encore l’impact de la collision. La chevelure de Lena fouettait l’air, dégoulinante d’eau. J’ai avancé d’un pas. L’odeur m’a assailli : citrons humides, romarin humide. Instantanément, le rêve m’est revenu, telles des vagues s’écrasant sur ma tête. Sauf que, cette fois, quand l’inconnue onirique m’a échappé, j’ai distingué son visage.

Prunelles vertes et cheveux noirs. Je m’en souvenais à présent. C’était elle. Juste devant moi.

Il fallait que j’en sois sûr. J’ai attrapé son poignet. Les stigmates étaient bien là : minuscules demi-lunes là où mes doigts avaient marqué sa peau. Lorsque je l’ai touchée, une décharge électrique a parcouru mon corps. La foudre est tombée à moins de trois mètres de l’endroit où nous nous tenions, coupant quasiment en deux un arbre qui s’est mis à fumer.

— Es-tu fou ou seulement très mauvais conducteur ?

Elle a reculé, un éclat dans ses yeux verts. De la colère ? Quelque chose, en tout cas.

— C’est toi.

— Tu essayais de me tuer ou quoi ?

— Tu existes pour de vrai.

Les mots avaient une résonance étrange, comme si j’avais la bouche pleine de coton.

— Un vrai cadavre, oui ! Merci.

— Je ne suis pas fou. J’ai cru l’être, mais non. C’est toi. Tu es juste devant moi.

— Pas pour longtemps.

Tournant les talons, elle s’est éloignée le long de la route. La scène ne se déroulait pas comme je l’avais imaginée. Je me suis jeté à sa poursuite.

— C’est toi qui as surgi de nulle part et t’es précipitée sur la chaussée.

Elle a agité le bras d’un geste théâtral, l’air de rejeter plus que mes paroles. C’est alors que j’ai aperçu le long corbillard noir dans l’obscurité. Le capot en était relevé.

— Ben quoi ? Je cherchais de l’aide, monsieur le génie. La voiture de mon oncle est morte. Tu aurais pu te contenter de passer à côté de moi, rien ne t’obligeait à tenter de m’écraser.

— C’était toi, dans les rêves. Et la chanson. L’étrange chanson sur mon iPod.

Elle a virevolté dans ma direction.

— Quels rêves ? Quelle chanson ? Es-tu ivre ou est-ce une mauvaise plaisanterie ?

— Je sais que c’est toi. Ton poignet porte les marques.

Elle a contemplé sa main avec étonnement.

— Ça ? C’est mon chien. Remets-toi.

Rajustant sa capuche, elle a pris le chemin de Ravenwood. Je l’ai rejointe.

— Un conseil. La prochaine fois, ne sors pas de ta voiture pour errer au beau milieu de la route en plein orage. Appelle les secours.

— Pas question d’alerter les flics, a-t-elle riposté sans s’arrêter. Je ne suis même pas censée conduire, vu que j’ai pas mon permis. Et puis, mon portable est mort lui aussi.

Réflexion typique d’une étrangère – la seule façon d’être arrêtée par la police, à Gatlin, c’était de conduire dans le sens inverse de la circulation. La tempête forcissait. J’ai été obligé de hurler pour me faire entendre.

— Permets-moi de te raccompagner chez toi. Tu ne devrais pas être dehors par un temps pareil.

— Non merci. Je préfère attendre le prochain conducteur qui manquera de m’écrabouiller.

— Il n’y aura pas de prochain conducteur. Du moins, ça risque de prendre des heures.

— Tant pis. Je marcherai.

Je ne pouvais pas la laisser errer comme ça sous la pluie battante. Ma mère m’avait mieux élevé que ça.

— Il est exclu que tu retournes chez toi à pied. (Comme pour me donner raison, le tonnerre a grondé, et une bourrasque lui a arraché sa capuche.) Je te promets de conduire comme ma mémé. Je te promets de conduire comme ta mémé.

— Tu ne dirais pas ça si tu la connaissais.

Le vent rugissait à présent, et Lena aussi était contrainte de crier.

— Allez, viens.

— Quoi ?

— Ma voiture. Monte.

Elle m’a regardé et, pendant quelques instants, j’ai cru qu’elle allait continuer à résister.

— Bon, d’accord. C’est sans doute moins risqué que se balader sur cette route. Surtout si tu es au volant dans les parages.

 

La Poubelle était inondée. Link allait péter un câble en voyant ça. Une fois à l’intérieur, l’orage a paru différent, à la fois plus violent et plus ténu. La pluie s’écrasait sur le toit, mais le bruit en était presque étouffé par les battements de mon cœur et les claquements de mes dents. J’ai enclenché la première. La présence de Lena me perturbait. Je lui ai jeté un coup d’œil à la dérobée.

Elle avait beau avoir un foutu caractère, elle n’en restait pas moins belle. Ses yeux verts étaient immenses. Je ne comprenais pas pourquoi ils paraissaient si étranges, ce soir. Elle avait des cils immenses, et sa peau était pâle, pâleur que renforçait la noirceur de ses cheveux. Une toute petite tache de naissance brun clair marquait sa pommette, juste sous son œil gauche. On aurait dit un croissant de lune. Elle ne ressemblait à aucun élève de Jackson. Elle ne ressemblait à personne que je connaissais.

Elle a passé sa cape par-dessus sa tête. Son tee-shirt noir et son jean collaient à son corps, comme si elle était tombée dans une piscine. Son gilet gris dégouttait sur le siège en skaï.

— A-arrête de me r-reluquer, a-t-elle marmonné en frissonnant.

Je me suis concentré sur le pare-brise.

— Mieux vaudrait que tu enlèves ton gilet aussi. Il te donne encore plus froid.

Elle s’est débattue avec les boutons délicats du vêtement, incapable de maîtriser le tremblement de ses doigts. Lorsque j’ai tendu la main, elle s’est figée. À croire qu’elle craignait que je ne la touche de nouveau.

— Je monte seulement le chauffage.

Je voyais ses mains – de l’encre encore, maintenant délavée par la pluie. Je n’ai réussi à distinguer que quelques nombres. Un 1, peut-être, ou un 7, un 5 et un 2. 152. Qu’est-ce que ça signifiait ? Je me suis retourné, cherchant sur la banquette arrière la vieille couverture de l’armée que Link y conservait d’ordinaire. Elle n’y était pas. À la place, se trouvait un duvet miteux datant sûrement de la dernière fois où Link avait eu des ennuis à la maison et où il avait dû dormir dans sa voiture. Le sac de couchage sentait le feu de bois et une humidité de cave. Je l’ai passé à ma voisine.

— Hmm. Ça va mieux.

Elle a fermé les paupières. J’ai senti qu’elle se détendait sous l’effet de la chaleur, et je me suis relaxé à mon tour, me bornant à l’observer. Lentement, ses dents ont cessé de claquer. Le silence s’est installé, uniquement rompu par les grondements de l’orage, le chuintement des roues, les éclaboussures que je provoquais dans ce lac qu’était devenue la chaussée. Lena dessinait sur la vitre embuée. Je me suis efforcé de regarder la route, je me suis efforcé de me rappeler le reste du rêve – un détail, un indice qui lui prouverait qu’elle était… je ne sais pas… elle, et que j’étais moi.

Malheureusement, plus j’essayais, plus le songe donnait l’impression de s’effacer, de se diluer dans la pluie, la nationale, les immenses champs de tabac parsemés de vieilles machines-outils et de granges pourrissantes. Nous sommes parvenus aux abords de la ville, au niveau de la fourche que formait la route en se séparant. Si l’on bifurquait à gauche, vers chez moi, on arrivait à River Street où les demeures restaurées d’avant la guerre de Sécession s’alignaient le long de la Santee. C’était également le chemin qui menait hors de Gatlin. Aussi, par habitude, j’ai tourné par là. La seule chose se trouvant sur la droite, c’était la plantation Ravenwood, où personne n’allait jamais.

— Hé ! a protesté Lena. C’est à droite.

— Ah, oui, désolé.

J’étais au bord de la nausée. Nous avons escaladé la colline jusqu’au manoir. J’avais été tellement plongé dans mes pensées que j’avais oublié qui elle était. La fille dont je rêvais depuis des mois, qui m’obsédait était la nièce de Macon Ravenwood. Et je la ramenais chez elle, à la Maison Hantée, comme nous l’avions surnommée.

Comme je l’avais surnommée.

Elle a examiné ses mains. Je n’étais pas le seul à savoir qu’elle habitait la Maison Hantée. À quelles remarques avait-elle eu droit dans les couloirs du lycée ? Était-elle consciente de ce que toute la ville racontait sur elle ? D’après son expression embarrassée, là dans la voiture, j’en ai conclu que oui. J’ignore pourquoi, mais la voir ainsi m’a été insupportable. Je me suis creusé la cervelle, en quête d’une chose à dire pour rompre le silence.

— Alors, pourquoi es-tu venue t’installer chez ton oncle ? D’habitude, on essaye plutôt de partir de Gatlin, pas d’y emménager.

— J’ai vécu partout, a-t-elle expliqué, et le soulagement dans sa voix était perceptible. À la Nouvelle-Orléans, Savannah, dans les Keys, en Virginie plusieurs mois. J’ai même habité quelque temps à la Barbade.

Il ne m’a pas échappé qu’elle ne répondait pas à ma question. M’importaient plus cependant ces lieux qu’elle énumérait. Ces endroits pour lesquels j’aurais été prêt à tuer afin de les visiter, d’y passer ne serait-ce qu’un été.

— Et tes parents ?

— Ils sont morts.

Ma poitrine s’est serrée.

— Désolé.

— Pas grave. J’avais deux ans, quand c’est arrivé. Je n’ai aucun souvenir. J’ai été recueillie par la famille, grand-mère, surtout. Elle a dû partir en voyage, c’est pour ça que je suis chez mon oncle.

— Ma mère est morte, elle aussi. Un accident de voiture.

Pourquoi avais-je révélé cela ? En général, je déployais beaucoup d’efforts pour éviter le sujet.

— Navrée.

Je n’ai pas dit que ce n’était pas grave. J’avais l’impression qu’elle était le genre de fille à comprendre que ça l’était, au contraire.

 

Nous nous sommes arrêtés devant un portail en fer forgé noir abîmé par les intempéries. Devant moi, sur les flancs de la colline, à peine discernables à travers les nappes de brouillard, s’élevaient les restes délabrés de la plus ancienne et plus célèbre plantation de Gatlin, Ravenwood Manor. C’était la première fois que je m’en approchais autant. J’ai coupé le contact. L’orage s’était dilué en une sorte de bruine soutenue et silencieuse.

— Apparemment, la tempête s’est calmée, ai-je commenté.

— Je pense qu’elle nous réserve encore quelques surprises.

— Peut-être. Mais pas ce soir.

Elle m’a regardé avec ce qui ressemblait à de la curiosité.

— Non, tu as raison, pas ce soir.

Ses yeux avaient changé. Leur vert était moins intense, et ils paraissaient avoir rétréci ; sans être petits, ils avaient une taille plus normale. J’ai ouvert ma portière afin de l’escorter jusqu’au perron.

— Non, m’a-t-elle retenu, gênée. Mon oncle est timide.

Une litote, pour le moins.

Nos deux portières étaient entrebâillées, et nous étions en train de nous faire tremper un peu plus. Pourtant, nous n’avons pas bougé, silencieux. Je savais ce que j’avais envie de dire, je savais également que je ne pouvais pas le dire. J’ignorais pourquoi je restais ainsi assis à me laisser saucer devant Ravenwood Manor. Plus rien n’avait de sens. J’étais cependant convaincu d’une chose : quand je redescendrais la colline pour regagner la nationale, tout redeviendrait normal, tout reprendrait un sens. Non ?

— Eh bien, merci, a-t-elle fini par murmurer.

— De ne pas t’avoir écrasée ?

Elle a souri.

— Oui. Et de m’avoir ramenée.

Je l’ai contemplée qui me souriait. Comme si nous étions amis, ce qui n’était pas possible. J’ai commencé à éprouver un sentiment de claustrophobie, une envie de filer.

— De rien. C’était cool. Ne te bile pas.

J’ai mis le capuchon de mon sweat-shirt, à l’instar d’Emory quand une des filles qu’il avait larguée tentait de lui adresser la parole dans un couloir du lycée. Sans me quitter des yeux, Lena a secoué la tête. Avec un peu trop d’élan, elle m’a fourré le sac de couchage dans les bras. Elle ne souriait plus.

— Peu importe, a-t-elle dit. À un de ces jours.

Me tournant le dos, elle s’est faufilée de l’autre côté de la grille et s’est mise à courir sur l’allée boueuse et raide qui menait à la maison. J’ai claqué ma portière.

Le duvet était posé sur le siège passager. Je l’ai ramassé pour le jeter derrière. Il sentait toujours le feu de bois, mais une nouvelle odeur, ténue, s’y mêlait à présent – citrons et romarin. J’ai fermé les yeux. Quand je les ai rouverts, Lena était à mi-chemin du manoir. J’ai baissé ma vitre.

— Elle a un œil de verre, ai-je crié.

Elle s’est retournée.

— Quoi ?

— La mère English ! ai-je braillé, tandis que la pluie infiltrait dans l’habitacle. Tu dois t’asseoir de l’autre côté sinon elle n’arrêtera pas de t’interroger.

Le visage dégoulinant, elle a souri.

— Et si j’aimais parler, hein ?

Sur ce, elle a filé et a grimpé les marches de la véranda couverte.

J’ai remis le contact, j’ai reculé et je suis reparti vers la fourche afin d’emprunter le chemin qui avait toujours été le mien. Jusqu’à aujourd’hui. Un éclat de lumière a attiré mon regard. Dans une des fissures du siège usé, j’ai trouvé un bouton d’argent.

Je l’ai empoché tout en me demandant de quoi je rêverai cette nuit-là.

16 Lunes
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